Le dernier métro


Le dernier métro s’approche. La seule personne est une femme habillée pour la nuit. Une prostituée. Elle est assise au fond du quai, bien maquillée et avec une cigarette non allumée à la main. Le train s’arrête, elle met la cigarette dans la bouche, elle se lève en rangeant la minijupe et entre dans le wagon. Il n’y a personne dedans, mais elle s’assoit sur un strapontin, proche de la porte. Encore avec la cigarette dans la bouche, elle tourne la tête dans l’espoir de trouver quelqu’un de solidaire qui puisse lui prêter le briquet. Ses lèvres bougent en disant quelques mots et la cigarette tombe par terre.
Le métro s’arrête à la prochaine station et à cause du freinage, la cigarette roule par au-dessous de strapontin. Elle baisse la tête pour la chercher et elle aperçoit que la cigarette est coincée à un emballage plastique au-dessous du banc derrière. Elle se lève en même temps qui le métro quitte la station et, par conséquent, la cigarette roule dans le sens inverse et arrête au-dessous de l’autre banc. L’haine envahi la prostituée qui se met à dire de gros mots. Elle tourne et se baisse vers l’autre banc, prend la cigarette et, avant de retourner au strapontin, elle regarde derrière avec l’air d’interrogation. L’emballage inspire curiosité et la demoiselle va la chercher. Elle met la cigarette dans la bouche.
Il s’agit d’une bouteille bleu foncée et opaque. On ne voit pas ce qu’il a dedans. Elle l’agite. Contenu liquide. Bouchon serré. Un litre. Personne l’a touché auparavant. Doucement elle le fait tourner et l’odeur du liquide sort immédiatement. De l’essence ! Exclame-t-elle dans sa pensée. Un sourit apparaît dans sa face. Elle jette la cigarette dans son sac et ferme la bouteille. Le métro s’arrête à la station suivante et elle sort. Mettre feu partout. Incendier le métro. Mais elle n’a pas d’allumettes, ni de briquet. Le vendre et faire quelques sous. Un litre n’est pas beaucoup. Rien de cela passe dans la tête de la prostituée.
Marieva, elle s’appelle. Elle sort du métro en courant et elle prendre la rue dans le sens inverse de celui que le métro est venu. Quelques minutes plus tard elle se trouve dans une place sombrée, elle regarde d’un côté à l’autre en cherchant quelque chose ou quelqu’un. Elle s’approche d’une voiture garée. Elle ouvre son sac, prend une clé, ouvre le compartiment de l’essence et pense : « ce soir je n’irai pas travailler en métro ». Elle part en accélérant en direction de l’avenue.